Ça fait déjà quelques semaines que le site est prêt. Et des embryons d’articles j’en ai une quinzaine. Il est largement temps que je dépose mes premières lignes, et finalement que je me débarrasse de ces quelques quinze pans de ma pensée qui cheminent main dans la main et me laissent les yeux dans le vague la plupart du temps. L’air hagard. Et bientôt hébété pour de bon si je mesure bien la difficulté que j’ai à contenir tout ça là-haut.
C’est que ça se bouscule plus qu’un petit peu.
Même ça se pénètre de toutes parts. Un vrai bordel.
De quoi vont parler ces articles ? Tout est écrit dans le menu du site. Presque. Un peu dans les marges aussi : jeux de société, livres, musique, et trivialité politique.
Quel rapport entre ces quatre thèmes ? Comment peuvent-ils s’associer les uns aux autres ?
Hé bien le premier lien qui les unit tous, c’est moi. Voilà essentiellement les quatre activités qui m’occupent.
Mais cela va bien au-delà de la grosse bobine de fils emmêlés qui me sert de caboche. Quelqu’un tire les ficelles, je ne suis plus aux commandes.
Jugez plutôt.
Orwell, sujet Zéro.
Créer de la cohérence entre la recommandation d’un disque, la description d’un jeu et la présentation d’un roman, c’est possible. Ça viendra.
Y mélanger quelque réflexion politique… Quelle drôle d’idée !
Soyez tranquilles il ne sera pas question d’introduire de la politique là où il n’y en a pas.
Heureusement il y en a partout ! Tout ce qui est culturel est social et tout ce qui est social est politique. Mince.
Une conversation avec des amis autour de l’actualité politique chargée (à l’heure de ladite conversation : crise sanitaire, confinement, surveillance policière et verbalisations) a fait surgir le nom de George Orwell décidément toujours prêt à poindre.
Deux réflexions me vinrent :
1) On entend beaucoup trop le nom de George Orwell, cité parfois à tort et à travers, décliné à toutes les sauces et bien souvent récupéré par des gens ou des intentions qui auraient semblées malhonnêtes au premier intéressé, heureusement décédé depuis des lustres. Ce qui peut s’avérer pratique, il faut le reconnaître.
2) Quelque chose de très anecdotique et qui méritait que je sonde ma mémoire (j’entends par là que je relise, sitôt rentré à la maison, le premier chapitre de 1984) : le souvenir peu fiable qu’au début du roman un hélicoptère pointe une caméra sur la façade d’un immeuble pour vérifier que tout le monde est bien sagement occupé en son logis à des activités conformes à la sécurité citoyenne. Idée qui m’évoquait les drônes qu’on a pu voir ces derniers temps dans notre ciel sécurisant.
Ces deux réflexions énoncées à voix haute à mes camarades converseurs, et ne trouvant pas l’écho escompté, je décidai qu’en rentrant chez moi je ne me limiterai pas à la lecture du premier chapitre mais relirai le roman dans son intégralité.

Vingt ans après ma première et unique lecture qui m’avait laissé une forte impression, je verrai bien ce qu’il reste de l’acuité et de la puissance de ce roman, et quels degrés de pertinence donner aux sempiternelles invocations du défunt Orwell dans le débat public.
Littérature et politique.
Excellent sujet Un !
J’avais déjà le titre : « Que reste-t-il de 1984 ? »
J’ai donc relu. Et je me suis posé un tas de questions ; elles feront l’objet de futurs articles.
Orwell était-il Marxiste ? (spoliation : la réponse est non)
Pourquoi Orwell fait-il l’objet d’une ridicule récupération par l’ensemble de la classe politique libérale droitière actuelle ?
Ces questions m’ont amené à découvrir les écrits politiques de George Orwell, mais aussi l’analyse de quelques érudits parmi ses admirateurs dont un certain Simon Leys… celui-là même que le président Macron a cité de travers dans la vidéo qui est à l’origine du nom et de l’habillage de ce site (voyez la FAQ). Vidéo à laquelle je me vois donc contraint de revenir dans un futur proche. Tout se tient, je vous dis. Tout est d’une cohérence totale bien qu’en grande partie imprévue.
Ces questions m’ont aussi poussé à me lancer dans des lectures parfois longues et complexes dont je ne vois pas le bout (dont un détour par Guy Debord et l’Internationale Situationniste – les connaisseurs compatiront).
A ce stade, persévérer dans ce choix aurait retardé la publication des premières lignes du site et le désencombrement de mon esprit déjà très accaparé.
J’aurais pu rédiger « Que reste-t-il de 1984 ? » et laisser les questions complexes à plus tard.
Mais je ferai plutôt une série sur Orwell. C’est très intéressant, vous verrez. (Abonnez-vous !)
Manchette à la Une.
Il me fallait donc jeter mon dévolu sur un autre prétendant.
Jean-Patrick Manchette figurait dans la liste, aux côtés entre autres de Grant Green, Angelica Gorodischer, Alexander Pfister et Jacob Fryxelius. Ces derniers attendront.
Manchette a tout du parrain idéal.
Cet écrivain de romans noirs était un grand amateur de cinéma, de jazz, de Marx et Engels, mais aussi de littérature de science-fiction. Des références que son coeur aime plutôt orientées « mauvais genres » ou disons anti snobinardes (il avait un rapport à l’art proche du mouvement situationniste – tout se recoupe je vous dis) dont il a émaillé ses textes, ses romans aussi bien que les chroniques qu’il tint pour diverses revues : chroniques sur le roman noir pour Charlie, le mensuel de bandes-dessinées (1977/1981) et Polar (1982/1983, 1992/1995), chroniques sur le cinéma pour Charlie hebdo (1979/1982), mais aussi chroniques sur les jeux de stratégie pour Metal Hurlant (1978/1980).
Ce dernier intérêt commun, plutôt étonnant, scellera ma décision d’accorder le sujet Un à Jean-Patrick Manchette, scellant ainsi un parrainage très cohérent.

recueil des chroniques de romans noirs publiées plus ou moins régulièrement dans les revues Charlie, puis Polar.
Paru chez Payot (!) en collection Rivages/Noir.
Recueil que j’ai lu, assorti de quelques interviews et extraits de correspondance, dans lesquels j’ai fini par découvrir que Jean-Patrick Manchette n’était pas seulement un admirateur de Dashiell Hammett et Philip K. Dick, mais aussi de George Orwell.
La boucle est bouclée.
L’article de demain, pas encore.
ENCORE!
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Il nous tarde d’en découvrir d’avantage. Merci pour votre initiative bienvenue.
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